LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD* Par Maria Negreponti-Delivanis


LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD* 
Par Maria Negreponti-Delivanis

La dégradation en chaîne de la situation au sein de la zone euro, ces deux dernières années et plus encore ces derniers mois, ne permet plus d’occulter la terrible réalité. Le fossé se creuse de plus en plus entre l’Europe du Nord riche et son Sud, pauvre et surendetté et ne laisse plus aucun espoir de rapprochement. En cause, la rudesse avec laquelle la Commission Européenne a entrepris d’affronter le problème des économies endettées qui révèle surtout l’absence totale de toute forme de cohésion et de solidarité entre les Etats-membres. Mais plus triste encore, c’est d’avoir cru qu’un tel projet était possible. L’enthousiasme des années 50 et 60, surtout chez les jeunes, pour une Europe des peuples unie, et toutes ces belles promesses autour de sa création, tout cela n’était soutenu par aucune base solide. C’était en fait une façon séduisante de détourner les populations de la vraie visée des principaux artisans de l’Union lesquels, notons-le, étaient de même nationalité que leurs successeurs d’aujourd’hui. Ainsi l’Allemagne, qui voyait dans l’Union Européenne la concrétisation enfin de son rêve ; ce rêve qui avait échoué à deux reprises, à savoir la domination de l’Europe. D’ailleurs, la réunification allemande[1] ne se fit pas sans concessions puisqu’il lui fallut abandonner le Mark en échange de la monnaie unique. Quant à la France, l’autre pays à l’origine de la création de l’Europe unie, ses préoccupations étaient dès le début - et continuent d’être - de moindre envergure. Ce qu’elle voulait, c’était juste s’assurer une position stable de leader en Europe. Or, la France a un problème, qui explique en partie sa totale identification aux choix de l’Allemagne[2], c’est sa position géographique. Mais, que son économie appartienne à l’Europe du Sud ou à l’Europe du Nord, son désir ardent est de faire partie de celle du Nord.
La situation toutefois n’était peut-être pas aussi cynique dans les premiers temps. Les fondateurs de l’Union Européenne avaient probablement les meilleures intentions et ils croyaient même l’accomplissement de leur projet possible. Pour ma part, je veux croire que les pères de l’Europe[3] s’étaient démenés pour y garantir paix, démocratie, égalité, prospérité pour tous, croissance rapide et plein emploi, et qu’ils seraient atterrés de voir comment leur œuvre grandiose a dégénéré[4]. Ils verraient avec effroi que non seulement leur projet initial ne s’est pas concrétisé, mais qu’en plus une guerre larvée et ravageuse sévit en son sein, entre le Nord et le Sud. Un conflit terrible et original dans sa forme, sans armes de destruction massive mais dont les moyens s’avèrent plus drastiques, plus efficaces et plus délétères que les armes traditionnelles[5]. En effet, l’Allemagne, utilisant comme cheval de Troie la dette, semble être entrée dans la phase accélérée de concrétisation d’un plan d’assujettissement du Sud, nouveau type de colonisation, et dont elle serait le chef incontestable. En dehors des vues ostensiblement expansionnistes de l’Allemagne, ce projet démoniaque trouve un appui dans l’évolution rapide de l’économie mondiale qui menace de marginaliser l’Europe et l’Occident tout entier. Il s’agit surtout de la concurrence intensifiée avec les économies émergentes, notamment la Chine. Il s’agit de la compétitivité de l’Allemagne[6], sérieusement mise à mal et qui pour s’en sortir a besoin, semble-t-il, de main d’œuvre en abondance et bon marché. C’est exactement ce que peut lui assurer l’Europe du Sud[7], si celle-ci finit par se soumettre à son hégémonie.
Dans ce rapport, je vais tenter de montrer dans quelle mesure l’heure de la fin est venue pour l’Europe du Sud, victime d’une union économique dont les lignes directrices avaient été tracées, dès le début, pour servir avant tout ses partenaires les plus puissants. Pendant des dizaines d’années, le Sud a vu s’éroder et se désorienter ses capacités de développement, il a pâti d’une exploitation cachée et constante des pays riches du Nord[8], et doit être sacrifié sur l’autel des projets réactivés de l’Allemagne.
La première partie de ce rapport portera sur l’attaque ouverte particulièrement violente menée par les pays du Nord de l’Europe contre le Sud, Allemagne en tête évidemment. Dans la deuxième partie, on se penchera sur les conséquences de cette mise à sac, pour la Grèce surtout, première de la série qui s’étend déjà au reste des pays du Sud européen.

Partie I. Attaque ouverte contre le Sud
L’Allemagne, qui veut à tout prix mettre en place des réformes tout autant tyranniques qu’inefficaces, est allée trop loin, elle ne peut plus faire croire qu’elle vise le sauvetage de la Grèce. Je voudrais néanmoins rappeler, avant d’aborder ce qui ressemble à la phase terminale de cette tragédie, que les attaques contre le Sud sont loin d’être un phénomène nouveau. L’Europe du Sud subit ainsi, depuis les premiers temps, les conséquences négatives de la coexistence, dans la même union économique, d’économies peu développées avec des économies plus développées. Et ce qui a porté un coup dur aux pays européens les plus vulnérables, c’est à n’en pas douter le Pacte de Stabilité[9], imposé par l’Allemagne en contrepartie de l’abandon de sa monnaie nationale forte et stable pour l’euro. Or, il apparaissait déjà en 2004[10], que ce ne sont pas les économies les plus faibles du Sud qui ne pouvaient supporter les conditions asphyxiantes et récessives du Pacte de Stabilité, mais bien le pays qui en fut l’inspirateur, l’Allemagne. Celle-ci n’a pas hésité en effet, le 25 novembre 2003, avec la France et la Grande-Bretagne, à suspendre le Pacte de Stabilité pendant à peu près quatre ans, parce qu’il « limitait dangereusement son rythme de croissance ». Ce qui est scandaleux dans cette décision, ce n’est bien sûr pas la suspension du Pacte, qui s’avérait de toute façon néfaste à l’Europe, mais le fait qu’elle n’incluait pas les pays du Sud. En effet, l’Allemagne et la France exigèrent qu’ils continuent à s’y soumettre, sans conditions[11]. En substance, la décision prise ce jour de novembre 2003, rendait la stabilité de l’euro dépendante de l’Europe du Sud qui, prise au piège, voyait s’éteindre ses perspectives de croissance. Ce n’est que maintenant, neuf ans après cette décision, que le magazine Spiegel[12] révèle que l’Allemagne « a construit l’euro à sa mesure » et qu’elle a ainsi pu se préserver aux dépens du Sud : « La Chancelière a commencé en secret au milieu de l’été 2003. L’économie allemande stagnait, son rythme de croissance était presque nul, tandis que le chômage et le déficit augmentaient constamment ». Ajoutons à cela les effets particulièrement défavorables de l’énorme et permanent excédent commercial de l’Allemagne sur les pays du Sud, et combien pour ces derniers, le niveau commun des taux d’intérêt, indépendamment des différences importantes de rythme d’inflation de chacun des pays membres, a été néfaste. Ce taux commun est pour beaucoup responsable du recours excessif à l’emprunt des pays du Sud[13]. Or, ces questions essentielles, l’Allemagne les a délibérément ignorées. Aux commandes d’un pogrom sans précédent contre le Sud, elle s’est d’abord attaquée au maillon le plus faible mais aussi le plus symbolique de l’Europe, à savoir la Grèce[14]. A ce pogrom, le FMI a été appelé à participer, ce qui n’est pas sans susciter des questions jusqu’à maintenant restées sans réponses concernant son rôle exact dans les affaires strictement européennes.

1.      Mesures de sauvetage ou mesures de pillage[15]?
A partir des années 70, les idées de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan s’imposent partout, y compris en Europe. Mélange barbare, fait d’ultra néolibéralisme et de croyance inébranlable que la libéralisation des échanges profite à tout le monde. L’absolutisme de ce régime macroéconomique a créé un environnement aux antipodes de l’héritage de John Maynard Keynes, même si on lui doit le rythme de croissance très rapide de l’économie occidentale après la Seconde Guerre Mondiale, et une répartition plus juste des fruits du progrès. C’est dans cette Europe du néolibéralisme effréné que la Troïka et les banquiers ont lancés une campagne de pillage de la Grèce. Voyons-en de plus près les deux grandes étapes :
A.      La préparation
Cette sorte de génocide des Grecs d’un genre nouveau[16] a donc commencé il y a à peu près deux ans et entre manifestement dans le cadre d’une restructuration progressive du Sud de l’Europe.
L’entrée en matière s’est faite de façon très habile, l’accent a été mis sur la singularité du cas grec, en aucun point comparable bien sûr aux autres pays du Sud[17], même si par ailleurs ils présentent des faiblesses similaires. Cette façon, tout à fait consciente, d’inspiration goebbelsienne, de chercher à isoler la Grèce de son environnement « familial » géoéconomique a permis d’exclure d’emblée toute réaction immédiate, évitant ainsi la formation d’un front commun des économies de l’Europe du Sud qui aurait permis de tenir tête au fléau allemand. Ainsi, jusqu’à ces derniers temps, les déclarations officielles de pays du Sud soutenant qu’ils « ne sont pas comme la Grèce et ne le seront jamais » étaient chose courante. Et c’est comme cela qu’un rideau de légitimation est tacitement venu voiler les horreurs en série infligées à cet infortuné pays de lilliputiens, puni exemplairement pour ses « crimes » par une Angela Merkel intransigeante. Et comme au Moyen Age, les autres, tout autour, assistaient au spectacle du supplice, bien contents de ne pas être à leur place. Voilà pourquoi les peuples du Sud ont mis si longtemps à prendre conscience de la gravité de la situation ; trop tard pour éviter le pire. Les Espagnols viennent enfin de réaliser ce qui les attend et ils descendent eux aussi massivement dans la rue aux cris de « Voleurs », « Mains en l’air, c’est un hold-up ».
L’attaque contre la Grèce a commencé avec de basses marques de mépris lancées surtout par des dignitaires Allemands et une partie de la presse allemande. Une ironie incroyable qui laisse apparaître le sentiment d’absolue supériorité du peuple Allemand sur les autres. Tout un tas de moqueries, d’insultes et de menaces d’une envergure inconcevable, le tout évidemment ponctué de mensonges énormes. C’est ainsi que les Grecs sont « paresseux », bien que de source officielle, ils travaillent plus hebdomadairement[18] que la moyenne européenne ; ils sont « fraudeurs », ce qui n’est pas faux, à mettre néanmoins sur le compte de la spécificité structurelle de la Grèce qui, avec presque trois fois plus de travailleurs indépendants par rapport à l’emploi total, favorise la fraude fiscale effectivement importante, couvant un secteur public prétendument démesuré qu’il faut donc absolument réduire et ce, au mépris des données officielles qui attestent exactement le contraire ; ils sont « corrompus », à quoi l’on peut répondre que les activités scandaleuses de Siemens en Grèce, ou celles de Ferrostaal[19] devraient décourager ce genre d’assertions[20]. Les génocides du passé ont montré que lorsqu’on veut faire disparaître un peuple - physiquement, économiquement, géopolitiquement, culturellement – on commence par lancer une campagne de dénigrement, l’accusant des pires péchés - bon à rien, alcoolique, arnaqueur, etc. – et l’opinion publique finit peu à peu par accepter l’idée de sa disparition comme inévitable. C’est exactement ce qui est en train de se passer avec la Grèce[21] depuis deux ans et demi, avec une constance impressionnante. Et les résultats sont spectaculaires, puisqu’une grande partie des Grecs eux-mêmes sont convaincus de leur incapacité invétérée… même pas bons à remettre sur les rails le processus de croissance.
Et pourtant, la Grèce n’est pas le seul Etat à présenter des irrégularités financières. Au sujet des manipulations statistiques qu’elle a faites pour être autorisée à intégrer la zone euro, je n’alléguerai pas comme circonstance atténuante le fait avéré que presqu’aucun Etat-membre n’a résisté à la tentation de quelque « artifice d’embellissement comptable ». J’alléguerai par contre que dans cette affaire, les commissaires de l’Union Européenne sont tout aussi responsables que la Grèce, puisque leur rôle était de contrôler les finances publiques des Etats-membres, notamment ceux qui étaient candidats à l’euro. Ils auraient dû signaler les activités acrobatiques de Goldman Sachs dans le cas grec, car il ne fait aucun doute qu’ils le savaient. On imagine d’ailleurs très bien que, pour ne pas perturber le cours tranquille de l’achat de matériel de défense militaire - sous-marins, frégates, avions de chasse, etc. – à la France mais surtout à l’Allemagne, ils préféraient fermer les yeux lors de leurs visites à Athènes. Et face à ce flot incoercible d’accusations à l’encontre de la Grèce, à qui soit dit en passant, la fin de la zone euro est également imputée, il est bon de rappeler certains aspects essentiels du problème que l’on a tendance à oublier. Premièrement, la Grèce n’est pas le seul Etat-membre à être confrontée à des problèmes financiers, presque tous les pays du Sud de l’Europe sont dans une position peu enviable. Deuxièmement, la dette grecque ne représente qu’à peu près 2,5% de l’ensemble européen, qui est évalué à 8,215 trillions d’euros, tandis que l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie enregistrent des dettes trois fois plus élevées que celle des treize autres Etats-membres de la zone euro, avec une dette de 6,44 trillions d’euros. Troisièmement, on reproche au Sud de vivre inconsidérément au-dessus de ses moyens, de vivre aux crochets du Nord. Les faits montrent toutefois que rien ne permet d’affirmer, statistiques officielles à l’appui, que la gestion financière du Nord soit particulièrement vertueuse. Exemple caractéristique, la dette de l’Allemagne représente 81,2% de son PIB en 2011, celle de la France 85,8%, celle de l’Italie 120,1%. Alors, compte tenu des critères allemands pour le moins sévères, ces pays-là ne devraient-ils pas être promptement exclus de la zone euro ? La moindre des choses donc, ne serait-ce pas de mettre un terme à cette triste farce ? Et le comble du ridicule, n’est-ce pas cette vindicte enflammée à l’encontre de la Grèce, jugée responsable des épineux problèmes financiers de l’Union Européenne ? Et puis, n’oublions pas le nœud du problème : les économies du Sud qui sont en fait les otages des fameux marchés financiers, ne sont pas libres de réagir efficacement, puisqu’elles ne disposent pas d’une monnaie nationale.
Dès le début de la crise grecque, la Troïka a pris les rênes, qu’elle brandit avec suffisance, du « sauvetage » de la Grèce, et auquel les Allemands sont « généreusement » mis à contribution. Or, la réalité est tout autre : depuis deux ans et demi le peuple grec est saigné à blanc, tandis que la totalité des prêts qui pèsent sur la dette, retournent tels quels aux créanciers, c’est-à-dire pour l’essentiel aux banques. Citons pour cela quelques éléments particulièrement significatifs : 
*Pour l’année 2012, les dépenses publiques de la Grèce s’élèvent à 170 milliards d’euros. Or, seulement 21 milliards couvrent les dépenses nettes de l’Etat, tandis que 149 milliards retournent à ses créanciers.
*Des éléments officiels ont été publiés selon lesquels l’Allemagne a gagné 55 milliards d’euros depuis le début de la crise, tirant bénéfice de la différence du taux avec lequel elle emprunte et du taux avec lequel elle prête ensuite à la Grèce.
*Les banques empruntent à la BCE à un taux de 1% et prêtent ensuite à la Grèce à 7%. La différence, naturellement, pèse sur la population.
*La BCE elle aussi spécule aux dépens de la Grèce, achetant des obligations grecques sur le marché secondaire, décotées à 25% de leur valeur nominale, mais ensuite rechigne sur la « coupe » de 50%, bien que là encore, elle tirerait un bénéfice de l’ordre de 100% par rapport au montant de leur achat[22].
*Au cours de ces quinze dernières années, la Grèce a dû payer 265 milliards d’euros d’amortissements et 156 milliards d’euros d’intérêts à ses créanciers. Comme le rappelle la rédactrice économique de BBC, Stephanie Flanders, dans son analyse de la dette grecque pour le compte du site britannique de la chaîne[23], le pays a déboursé en 2011 23% d’intérêt en plus par rapport à 2010, et ce, malgré les prêts « à un taux bas » concédés par l’Europe et le FMI (les guillemets à caractère ironique sont de la journaliste). Rappelons aussi que le capital a été largement remboursé et que maintenant, le pays paie les intérêts. 
*La fameuse restructuration de la dette, tant vantée par ses défenseurs et sensée soulager l’économie, a été en réalité un véritable fiasco. La dette n’a été réduite que de 30 milliards d’euros mais en même temps, l’opération a « coupé » dangereusement dans les caisses de retraites, les hôpitaux et les universités. Etant donné que la Grèce a reçu une nouvelle aide financière, qui est venue s’ajouter à la précédente, sa dette s’alourdit constamment, et de 250 milliards d’euros au début de 2012, elle est aujourd’hui de € 303,527[24]   milliards.

B. L’imbroglio de « l’opération de sauvetage »
La deuxième phase de cette opération criminelle de sauvetage de la Grèce, ce sont les Mémorandums, les accords de prêt, les réactualisations, les plans à moyen terme et tout ce ramassis indescriptible qui suce le sang du peuple et du pays. Même s’il s’est trouvé des gouvernants pour les signer alors qu’ils auraient mieux fait de descendre dans la rue et de s’inviter dans les chaînes de télévision internationales – ce que font les Espagnols – pour alerter l’opinion publique, cela ne change en rien le caractère odieux de ces plans. La Grèce pourrait essayer de s’en affranchir, elle pourrait recourir à la Cour Internationale de Justice[25], évoquer l’état de nécessité, car rien ne justifie le fait que ses créanciers imposent leurs intérêts au mépris de la vie de la population entière.
L’idée qui régit le plan du prétendu sauvetage de la Grèce – tout comme celui, à quelques variations près de la presque totalité de l’Europe du Sud – repose sur deux thèses, qui non seulement sont impossibles à soutenir, mais qui en plus sont totalement erronées :
*D’une part, Angela Merkel, malheureusement soutenue par ses alliés politiques qui décident avec elle, n’en démord pas : pour elle, trop dépensiers et pas sérieux, les pays du Sud sont entièrement responsables de tous les problèmes et doivent être punis exemplairement, ils doivent se sacrifier et payer en conséquence[26]. D’où cette remarque, très juste : « le débat sur la crise fait parfois penser à une croisade des chevaliers blancs contre les infidèles »[27]. N’oublions pas que depuis le début de la crise et jusqu’à aujourd’hui les dépenses publiques réelles ont été réduites de 25%, contre toute logique et d’une façon tout à fait arbitraire, par des mesures prises dans l’urgence et n’en prévoyant naturellement pas les effets dramatiques sur la population[28]. Rien à faire, les partenaires européens soutiennent que… « les Grecs ne font rien ».
*D’autre part, Berlin fonctionne comme s’il pensait que les réductions continues des dépenses publiques ouvrent la voie de la croissance[29]. Or, cette politique de l’austérité n’est pas provisoire, Berlin la voit plutôt comme une réforme définitive, qui s’insère dans le nouveau Pacte de Compétitivité, est inscrit obligatoirement dans les constitutions des Etats-membres et prévoit de lourdes sanctions pour ceux qui ne s’y soumettent pas.
La cure imposée à la Grèce – et qui s’étend aux économies du Sud contraintes, l’une après l’autre, de faire appel à des plans d’aide – est une « première mondiale »[30]. La politique de la dévaluation interne est en effet destinée à remplacer la politique disons, classique de dévaluation externe et concerne les économies qui ne disposent pas d’une monnaie nationale, comme celles de la zone euro. Les conséquences en Grèce de cette politique sont dramatiques. D’ailleurs, l’ensemble des experts en économie du monde entier dignes de ce nom mais aussi les revues économiques[31] s’accordent sur le fait que ce plan est un imbroglio désastreux qui doit absolument être remplacé de toute urgence par quelque chose d’autre. Or l’Allemagne ne fléchit pas et persiste. Dans le cas présent, elle demande en plus une intensification progressive de cette politique. Les effets sont déjà visibles et cette petite économie qu’est la Grèce présente les symptômes de la tiersmondialisation. Le FMI quant à lui, a adopté la même attitude. Il apparaît clairement alors que l’insistance de la Troïka, tout aussi inexplicable qu’absurde, et ses efforts pour se montrer convaincue du bien-fondé de ce plan, s’expliquent par le fait qu’elle n’a aucune solution alternative. Ainsi ne lui reste-t-il qu’à continuer d’accuser la Grèce d’être fautive du désastre, qu’elle a elle-même en fait provoqué.
La dévaluation interne concerne les économies soumises à ce plan et consiste en une réduction massive des salaires, des retraites et des dépenses publiques en général. Notons au passage qu’aucune étude préalable n’a été effectuée. Ce sont d’abord les salaires du secteur public qui ont été touchés, puisque le public se trouve dans l’œil du cyclone, puis les salaires du privé pour rétablir, paraît-il, la compétitivité perdue, car l’augmentation des exportations est soi-disant synonyme de relance économique. La réduction des dépenses concerne aussi l’Etat-providence[32], c’est-à-dire l’éducation et la santé, l’administration publique, la défense. Nous avons donc affaire, comme on le voit, au démantèlement pur et simple de l’économie, de la société, de l’éducation, de l’administration publique, pour un schéma qui n’a absolument aucune base théorique et n’a encore jamais été appliqué nulle part avec succès[33]. Dans le cas de la Grèce notamment, il est évident qu’un tel schéma est irréaliste. Jamais le pays ne parviendra à redresser son économie par la dévaluation interne, et ce, pour deux raisons. D’abord, parce que la part des exportations dans son PIB est faible, moins de 20%, et puis parce que plus de la moitié de ses exportations est concurrencée par des produits provenant d’économies émergentes. Il est complètement farfelu de penser que le niveau des salaires dans les économies européennes pourrait s’aligner très bien sur celui des pays émergents[34].    
Ce qui arrive en Grèce et tend à se généraliser au reste des pays de l’Europe du Sud est décrit avec beaucoup d’humour et d’acuité dans l’excellent article de Slavoj Zizek, paru dans Le Monde[35], citant un journaliste de CNN. Les décideurs européens sont comparés à « des jongleurs d’assiettes chinoises » pour qui « la difficulté est bien sûr de continuer de préserver le mouvement, sans quoi les assiettes tombent et se cassent ». Et il continue avec une scène du film Nitotchka, d’Ernst Lubitsch (1939). « Quelqu’un commande un café sans crème, et se voit répondre par le serveur : « Désolé, mais nous n’avons plus de crème, nous n’avons que du lait. Puis-je vous apporter un café sans lait ? ». En d’autres termes, « ce ne sont pas les Grecs qui bénéficieront des épreuves qu’ils traversent » mais les Banques.
Même Dominique Strauss-Kahn a déclaré depuis Pékin[36]: « La recette du FMI n’a pas été correctement mise en œuvre en Grèce, c’est dommage ». Paul Krugman[37], le prix Nobel d’économie, est sur la même longueur d’onde.
La dette grecque n’est pas gérable, au même titre que n’importe quelle dette quand elle dépasse 90% du PIB[38]. Et la « coupe » qu’elle a subie n’a rien changé à la dure réalité. Bien au contraire. Alors que la dette, au début de la crise représentait 115% du PIB, elle est de 165% en 2012 et en 2020 on espère qu’elle ne sera plus que de 120%, mais déjà cet objectif semble impossible à satisfaire[39]. La cure d’austérité qui a conduit l’économie à une profonde récession, augmente toujours plus la dette, dans un PIB qui se réduit à un rythme effrayant. Ainsi, les discussions sur un défaut de la Grèce, quand et comment il se fera, sur son retour ou non à la drachme, sur les intentions de la Troïka, etc. visent tout simplement à gagner du temps. Quant à la dette, il ne fait aucun doute qu’elle n’est pas gérable et qu’elle ne le sera jamais, même en 2020. La politique mémorandienne s’avère donc être un échec monumental, confirmé par la récente déclaration du FMI qui menace de ne plus apporter de fonds d’aide à la Grèce au mois de septembre prochain[40]. En effet, la charte du FMI ne permet pas le financement des dettes non gérables. Alors, les tentatives maladroites pour démentir cette réalité constituent une duperie supplémentaire à l’encontre de la Grèce.
Et pourtant ! Les envoyés spéciaux de la Troïka, avec l’accord discret des responsables grecs, continuent de se rendre régulièrement à Athènes. Imperturbables et distants vis-à-vis de « l’imbroglio mémorandien grec », ils soutiennent que « c’est la faute des Grecs si les objectifs ne sont pas atteints », et qu’ « une renégociation du plan de sauvetage est hors de question tant que les engagements, déjà reportés, ne seront pas mis en œuvre ». Ceux, en d’autres termes, qui poussent la Grèce tout droit à la catastrophe. 

2.      Les objectifs occultes de la pseudo-opération de sauvetage
Cette politique des Mémorandums, des accords de prêt etc., et ses conséquences tragiques incite naturellement à chercher les vrais motifs, au-delà de ceux mis officiellement en avant. Car, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les économistes du monde entier, néolibéraux aussi bien que keynésiens,  s’accordent à dénoncer les dangers que représente le plan d’aide à la Grèce. Et tout aussi surprenant, le fait qu’un certain nombre des membres des gouvernements successifs de la crise, finissent par reconnaître à un moment donné que …« le programme de la Troïka est une impasse » ! En tout cas, dès qu’ils arrivent au pouvoir, ils se démènent, ils s’épuisent – toute leur énergie y passe – à satisfaire au mieux les exigences de la Troïka conquérante, se soumettent au théâtre de l’absurde, bafouant les intérêts de leur propre pays. Il ne fait aucun doute que les deux parties, la Troïka et les gouvernants, ont parfaitement conscience que les mesures imposées aux seconds par la première, privent l’économie de tout espoir de relance et aggravent la misère, l’appauvrissement et le désespoir du peuple grec. Ce sacrifice total n’est rien d’autre qu’une nouvelle forme de génocide méthodique.
Devant la gravité de la situation, il serait alors impardonnable de ne pas chercher à percer les motifs réels qui poussent la Troïka à commettre ce « crime contre l’humanité ». Avant tout, il est bon de rejeter les thèses qui veulent que la Troïka se trompe, ignorante des paramètres du problème grec, aveuglée par son fanatisme idéologique. En effet, ce genre d’interprétations tendent à détourner la recherche des enjeux réels de ce conflit qui, à n’en pas douter, vise la perte de la Grèce :

A.      La fin de l’Etat-providence[41]
Le plus simple est de laisser la Troïka imposer sa vindicte idéologique contre le secteur public et contre surtout l’Etat-providence mais cette thèse est loin d’être satisfaisante : elle ne met pas en lumière les motifs barbares qui participent, semble-t-il, de l’instauration d’une gouvernance et d’une monnaie mondiales avec au passage la germanisation de l’Europe[42]. Or, cette économie mondiale, mise en place grâce à la mondialisation, suppose qu’une poignée d’individus – les banques et les banquiers – aura le contrôle absolu et illimité de la planète et qu’il amassera et accumulera toutes les richesses à son seul profit. Ce processus est déjà bien engagé. Sa principale arme, la baisse de l’imposition des hauts revenus, qui a réduit la taille de la classe moyenne aux Etats-Unis et en Europe[43], et a fait exploser les inégalités.
L’Etat-providence s’est incontestablement développé en Occident pour éviter la révolte des travailleurs influencés par les idées socialistes. Après l’effondrement du bloc soviétique, l’Etat-providence a brusquement perdu sa raison d’être et les travailleurs furent délaissés. Les gouvernements, aux Etats-Unis comme en Europe, cherchent en réalité à mettre en place au plus vite ce qu’on appelle des réformes structurelles, à faire disparaître donc les droits des travailleurs. Plus clairement, faire retourner le marché du travail à ce qu’il était au début du XIXe siècle. C’est ainsi que l’idée très répandue dans les années 60 et 70[44] qui prévoyait que la croissance et la maturité du capitalisme s’accompagneraient d’une plus grande égalité et de la prospérité pour tous, est malheureusement démentie par la réalité.
La vérité est flagrante : la Grèce a été choisie pour servir de cobaye et la mission est presque accomplie, sans que cela ait provoqué de remous notoires. Or, la Grèce n’est pas un objectif en soi, c’est juste par elle que s’introduira et s’étendra l’appauvrissement des travailleurs européens, avec des salaires abaissés à ceux de la Chine ou de l’Afrique, et la disparition de toute forme de protection dans le marché du travail. C’est pour cela que l’on ne peut espérer aucune amélioration de ce programme délétère.

  1. La spoliation des richesses de la Grèce
La spoliation de sa richesse nationale est la deuxième grande étape de la tentative d’anéantissement de la Grèce. Il va sans dire que le pays ne pourra pas satisfaire les exigences des Mémorandums qui, entre parenthèses, n’ont pas été forcément vus et lus par ceux qui les ont signés au nom du peuple grec et pour son plus grand malheur. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement ? Probablement non puisque les Mémorandums en questions sont impossibles à tenir. Et le peuple, à force de voir sa dignité nationale bafouée, son présent et son avenir vidés de leur sens, convaincu de son inutilité et laissé à son triste sort, ne finira-t-il pas par abandonner sans résister sa vie et son sort à ses conquérants ?
Les termes extrêmement contraignants et désorientants de la prétendue « mise en valeur de la richesse publique », de « l’effort pour attirer les investisseurs », des « réformes nécessaires depuis longtemps » et autres subtilités du même acabit visent à justifier l’odieux crime contre la Grèce et son peuple : le bradage de sa richesse.
Ici, ce n’est pas mon point de vue idéologique par rapport à la privatisation que j’exprime ; je m’oppose simplement – ce que toutes les Grecques et tous les Grecs devraient également faire – à ce que les privatisations servent à rembourser la dette et non à valoriser les éléments du patrimoine public[45].
Il apparaît en effet clairement que cette démarche peu patriotique ne vise pas des entreprises ou des éléments du patrimoine en général qui gagneraient en efficacité s’ils passaient du public au privé à supposer qu’une étude comparative approfondie ait d’abord été effectuée. Même les services auquel le public est très attaché, comme l’électricité, l’eau, les télécommunications, la défense, la santé, ne sont pas épargnés par ce marché aux bonnes affaires. 
Pression, intimidations et chantages, tout est bon pour obliger la Grèce à s’engager dans des privatisations hâtives. De sa conduite dépendent la nouvelle tranche d’aide, la faillite incontrôlée ou la relance, son exclusion de la zone euro ou non. Tout est à vendre, peu importe dans quelles conditions, à quel prix. Peu importe les sacrifices que cela implique. Indépendamment du fait que la privatisation d’entreprises prestataires de services est rigoureusement interdite[46], d’autant plus si elles passent dans des mains étrangères, cette période est bien la pire pour privatiser ou mettre en vente des éléments du patrimoine. Mais ce n’est pas seulement le mépris de tout ce qui a trait à la Grèce qui pose problème, ce sont aussi les propos inouïs du ministre des Finances grec lorsqu’il déclare que tout ce qui sera adjugé « pourra être payé en obligations grecques », c’est-à-dire… que le prix de vente du patrimoine dépendra de la dévaluation de la valeur nominale des obligations grecques. Dit autrement, le patrimoine grec sera vendu à 20% de sa valeur nominale.
Cette braderie, heureusement, est retardée pour des raisons artificielles, compte tenu des nombreuses difficultés à la vente[47], et même dans les cas les plus mûrs, il faudra deux ou trois ans pour achever les procédures. Il est donc permis d’espérer que quelque chose peut encore empêcher, ne serait-ce qu’au dernier moment, ce sacrilège qui équivaut à la faillite définitive de la Grèce.

  1. La Grèce sous protectorat européen
Et enfin, cette comédie, ces atermoiements, ces hésitations, toutes ces séances nocturnes dans le but non pas de trouver des solutions, mais de gagner un peu de temps, toutes ces menaces et exhortations semblent obéir à un troisième objectif, imposé lui aussi sous la menace, et qui apparaît maintenant sous son véritable jour. La zone euro, si elle survit à la tempête, ce qui semble en fin de compte peu probable, ne sera plus constituée d’Etats-membres « égaux », mais de puissants qui tiennent les plus vulnérables en servitude. La ligne qui démarquera ces deux catégories sera le degré d’assainissement de leurs finances. Le professeur d’économie Philippe Murer[48] souligne très justement qu’il s’agit d’un retour, sous une forme différente, de la servitude pour dettes qui avait été abolie par les Romains il y a 2000 ans. En effet, on pouvait lire récemment dans la presse européenne qu’Angela Merkel avait l’intention de placer un « superviseur » au budget en Grèce, ce qui revient à faire du pays un protectorat européen.
Le sort qui est réservé à la Grèce –  à moins qu’elle ne finisse par réagir et prendre son destin en main – risque fort de s’étendre à tout le reste de l’Europe du Sud. Ce scénario d’une Europe à deux vitesses ou plus a déjà été avancé par le directoire européen. Rappelons que ce schéma avait été soumis dès le début de l’Union, et qu’il avait été catégoriquement rejeté par les responsables politiques d’alors.
Tous les signes sont là, pour ne pas dire les preuves, et confirment le fait que la Grèce sert d’animal de laboratoire pour tester l’abandon volontaire de sa souveraineté nationale. Le processus électoral dans ce cas ne serait plus qu’une parodie de démocratie. Cela a été rendu possible parce que ceux qui sont élus – « préparés » de l’extérieur – et sont amenés à occuper des postes-clés appartiennent à un réservoir d’hommes puissants et bien choisis, étroitement liés avec le groupe Bilderberg entre autres clubs de l’ombre. Par conséquent, on ne peut raisonnablement rien attendre de ces individus dont la priorité ne sera certainement jamais de servir les intérêts nationaux mais plutôt d’expédier les directives de leurs mandants.

II. Les effets de la politique d’austérité 
La deuxième partie portera sur quelques-unes des conséquences de l’utilisation de la Grèce comme premier « animal de laboratoire » de l’Union Européenne. L’économie, la société, l’éducation, l’administration, la défense tout autant que les perspectives de la Grèce ont été durement touchés par la cure d’extrême austérité et il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une « exclusivité grecque » mais bien d’une « chronique de la mort annoncée » de l’ensemble des Etats endettés du Sud de l’Europe. La Grèce est en train de perdre la totalité de sa souveraineté, elle est en train de disparaître et prépare malgré elle la voie aux autres pays du Sud[49] auxquels le même sort ou à peu près est réservé.
Dans un deuxième temps, nous aborderons succinctement l’étendue des dégâts en Grèce, et le flétrissement de l’idée européenne :

  1. L’anéantissement de l’économie grecque
Si la Grèce avait la possibilité de reprendre un processus  de croissance – et ramener la récession en-dessous de la barre des 2% – elle pourrait équilibrer son budget en 2013, elle n’aurait donc pas besoin d’emprunter en permanence et à partir de 2014, elle serait en mesure de rembourser sa dette. Le fait est que les partenaires européens ont sciemment exclu cette possibilité, contraignant le pays à se plier à un programme qui tue littéralement tout espoir de relance économique.
La récession de l’économie grecque, sans précédent en temps de paix, tant du point de vue de la durée que de celui de l’intensité, met le pays à l’épreuve pour la cinquième année consécutive. Une récession comme on le voit, encore plus longue que celle des Etats-Unis à suite de la crise de 1929. Outre sa longueur, la récession a ravagé littéralement l’économie grecque, puisque son PIB a chuté de plus de 20%, le pouvoir d’achat de la classe moyenne de 50%, le chômage est en constante augmentation, de l’ordre de 22%, 52% chez les jeunes. La non valorisation d’éléments du patrimoine, la diminution de l’épargne, le découragement des  propensions au développement, mais surtout celle de l’investissement représenteraient 500 milliards d’euros. On ne peut espérer sérieusement qu’une économie à ce point malmenée puisse reprendre vie, surtout quand les investissements sont limités à quelques milliards, alors qu’il faudrait des investissements à rendement rapide d’au moins 10 ou 12% de son PIB.
En des périodes perturbées où l’économie, la société, la politique et la morale sont à ce point dégradés, le facteur psychologique prend une ampleur décisive. Ainsi, la Grèce vit dans la peur, l’insécurité, la méfiance à l’égard des annonces gouvernementales, et plus rien ne fonctionne. Il n’est pas surprenant dans ces conditions, que le pays figure aujourd’hui parmi les cinq pays les plus pessimistes de la planète[50]. Il n’est pas étonnant non plus que sept jeunes sur dix pensent s’expatrier. La Grèce, depuis le début du fléau, a enregistré une baisse des salaires et des retraites de 25% en moyenne – la Troïka juge pourtant cette baisse insuffisante et demande une nouvelle coupe d’au moins 20% – 439 000 enfants vivent dans la pauvreté[51], des élèves le ventre vide s’évanouissent à l’école, les plus démunis qui cherchent à manger dans les poubelles et les sans-abris ont envahi les grandes villes, cinq fois plus de repas ont été servis à Athènes, à l’initiative notamment de l’Eglise, juste pour le mois de juin de cette année, 350 désespérés se sont suicidés. La production industrielle a chuté de plus de 30%. Plus de 500 000 magasins ont déjà fermé, tandis que quatre consommateurs sur dix déclarent que leur porte-monnaie est vide après avoir couvert leurs besoins de base[52]. Des enfants sont abandonnés dans les orphelinats par leurs parents qui se suicident, le nombre des naissances, dans les milieux démunis mais aussi dans la classe moyenne, a baissé dans ce pays qui souffrait déjà de sous-natalité. Certains sont assez désespérés pour vendre leurs organes. Nombre de « bas salaires » et de « basses retraites » n’ont plus les moyens de se chauffer au mazout et se chauffent de nouveau au charbon. Les hôpitaux ne disposent plus des médicaments de base et de gazes, la défense nationale est abandonnée à son sort, tout cela parce que chaque euro prêté retourne tel quel aux créanciers. L’ESY, le Système de Santé National, est en train de disparaître. Les impôts n’entrent plus dans les caisses. Bref, la machine étatique se détériore chaque mois un peu plus et le grand « crash » est attendu pour le début de l’automne.
Ainsi, le plan barbare de sauvetage de la Grèce ne l’aura pas sauvée. Le pays est même déjà beaucoup plus près du chaos qu’il ne l’était au début de la crise. Le risque de faillite, d’après le CMA, est monté à 96,7% au deuxième trimestre 2012. Les recettes fiscales, comme il fallait s’y attendre, se sont effondrées, emportées par la lubie névrotique de certains gouvernants néophytes qui mettaient toute leur énergie à inventer de nouveaux subterfuges pour ponctionner toujours plus. Des impôts anticonstitutionnels, qui portent atteinte à la démocratie, à la croissance mais surtout inefficaces au possible. Et en dépit de toutes ces trouvailles, les recettes qu’aurait dû apporter la TVA étaient inférieures de 13,4% au mois d’avril de cette année par rapport à l’an dernier, soit 221 millions d’euros, aggravant ainsi le problème, tandis que la perte pour l’ensemble de l’année 2012 devrait s’élever à un milliard. La récession qui échappe à tout contrôle, le taux du chômage qui atteint des sommets, les revenus qui ont subi une baisse importante, l’Etat-providence qui perd du terrain, les différentes « ponctions fiscales » : tout cela contribue à précipiter le pays à la catastrophe.
Et pourtant, les envoyés de la Troïka continuent, imperturbables. Ils demandent toujours plus de sacrifices et insistent sur la poursuite des réformes contre toute logique. Ils ne veulent même pas entendre parler d’une restructuration ou d’une renégociation de la dette. Ils répètent que les Grecs sont fautifs de l’échec du programme de la Troïka. Le même discours est tenu par les dignitaires de certains Etats-membres manifestement convaincus de la bonne tenue des finances de leur pays. Ils en ont « assez de ce pays …qui profite du fruit de leur travail et n’honore pas ses engagements », disent-ils. Même son de cloche de la part de la presse[53].
Ils savent parfaitement que le programme est inefficace. Ils savent aussi qu’ils mènent la Grèce à la catastrophe. Alors, le but n’a jamais été de sauver le pays. Le but est de le mener à la faillite. Les conditions et les détails, ce sont eux qui les définissent, à leur convenance. Faire disparaître la Grèce en tant qu’Etat indépendant. Mais maintenant qu’ils sont sur le point d’y arriver, ils hésitent à franchir le pas, car ils craignent les effets imprévisibles sur le reste de l’Europe du Sud. Et puis, comme l’Espagne et l’Italie sont elles aussi au bord de la catastrophe, la Grèce est en train de passer au second plan.

  1. La destruction de l’Europe
La destruction de la Grèce et de l’Europe du Sud en général marque aussi par conséquent la fin de l’Europe, du moins, telle que nous la connaissions. L’Europe a très mal géré son autre moitié et se trouve maintenant sur des sentiers dangereux sans retour possible. A cause de la crise de la dette, du chômage qui atteint 11,5% et de la récession, son image s’est fortement détériorée. Elle s’est surtout détériorée à cause de son manque de démocratie, de l’explosion des inégalités, du manque de cohésion et de solidarité. C’est justement à cause de l’effondrement de l’Europe du Sud contrainte d’assainir rapidement ses finances, que la croissance économique de la zone euro devrait ralentir en 2013. Exemple significatif, George Soros, et bien sûr il n’est pas le seul, pour qui « l’Allemagne pousse l’Europe au désastre économique ». Au-delà de tout ce qui se passe en son sein, on est en droit de se demander comment il est possible que l’Union Européenne abandonne ainsi son sort aux mains du chef d’un seul de ses vingt-sept membres, aidé par la patronne du FMI, Christine Lagarde qui semble en plus éprouver le même mépris à l’égard de la Grèce et des pays du Sud en général.
Dans ces conditions, les conclusions des sondages effectués au cours de l’année 2012 dans les vingt-sept pays membres, où 30% seulement des personnes interrogées avouent avoir une bonne opinion de l’euro et de la zone euro, contre 52% en 2007, n’ont rien de surprenant. Il faut bien se rendre à l’évidence que l’Union Européenne n’est pas en mesure d’assurer à la nouvelle génération des conditions de vie meilleures que celle d’avant. Pire encore, le recul flagrant de la démocratie. Ainsi la mise en place, en Grèce et en Italie, de premiers ministres non élus et le soutien d’Angela Merkel au candidat Sarkozy lors de la dernière campagne des présidentielles, ouvertement hostile à l’élection de son adversaire François Hollande, lequel sera finalement élu.
Les scénarios de la catastrophe de l’Europe sont multiples et ils sont tous valables. Je vais toutefois me limiter à ma propre version.

Conclusion générale
La Grèce, tout comme le Sud de l’Europe, subit une attaque sans équivoque de la part du Nord et se trouve littéralement en danger de mort. Les dirigeants Grecs, au lieu de se soumettre aux Mémorandums, au lieu de se perdre dans d’interminables débats et d’évaluer mollement laquelle des méthodes de ponction sera à la hauteur des exigences de la Troïka, auraient dû déclarer que le programme mémorandien est criminel, qu’il dépasse les limites de l’humainement acceptable, et qu’ils l’abandonnent. Ils auraient dû créer une alliance avec les autres économies du Sud de l’Europe.
Aussi inconcevable et inacceptable que soit le comportement de ses partenaires européens vis-à-vis de la Grèce, sensée être elle aussi un Etat-membre à l’égal des autres, la triste réalité est là : les Mémorandums sont en train de tiersmondialiser le pays, ce qui ne semble nullement les préoccuper.
Bien au contraire, ils persistent dans les déclarations insultantes et les piques, ils ne reconnaissent pas les sacrifices inouïs imposés à la population, ils menacent et font du chantage, dénigrent impitoyablement le pays, et passent énergiquement au cran supérieur du « toujours plus ». D’ailleurs, les perspectives qui s’ouvrent à la Grèce sont accablantes, rien ne permet d’espérer quoi que ce soit. Avec l’effondrement des grandes économies de l’Europe du Sud, c’est-à-dire l’Espagne et l’Italie, et peut-être bientôt la France, s’est éteint aussi le dernier espoir d’un arrangement des conditions qui permettraient de résoudre le problème de la dette.
Si les épreuves, l’infortune, la guerre psychologique de la dégradation, odieuse caricature sensée illustrer la Nation grecque et son peuple, celle qu’ont dessinée et qu’ont répandue partout dans le monde ses « partenaires », l’indescriptible peur qu’ils cultivent avec une grande habileté – « Vous allez voir ce qui vous attend une fois sortis de la bergerie » – … si donc, après deux années et demie, cette pression écrasante nous a laissé un tant soit peu l’envie de vivre, il est temps pour nous, les Grecs, de quitter la zone euro sans tarder, pour sauver ce qui reste à sauver. Si nous restons, nous sommes définitivement perdus. Pour la simple raison que tous les sacrifices qui nous ont été infligés n’ont servi qu’à engraisser nos créanciers, le fond du problème a été dès le début ignoré. Si nous prenons notre avenir en main, les difficultés ne disparaîtront pas mais nous aurons au moins l’espoir de voir notre situation s’améliorer et notre avenir dépendra enfin de nos décisions.
La chose est simple. Tout dépend de notre capacité à faire la distinction entre la peur qui nous empêche de franchir le pas et la conviction que nous pouvons nous en sortir.          

*Traduction du grec en français par Caroline Luigi




Bibliographie Selective
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*Al Jazeera (.2012),  “Tthe Greek Mass Media are under the control of the troika”! 22.07
* Bank of Greece, july/2012
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* Dassù, Μ., (2011), “Une Europe allemande est née”, Courrier International, no 1095 27.10-2.11
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* Slavoj Zizek (2012) «Lamentable fiction, l’austérité continue de servir et de servir les Banques, », Le Monde, 13.07
*Studies by  Carmen M. Reinhart and Kenneth S. Rogoff 
* The Economist*“The troika’s scenarios are irrational”  (2011) article published in the electronic newspaper of  Νew York Times, 7.
*Unicef for Greece


*Wikipedia






Curriculum Vitae (en résumé)
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*Née a Thessaloniki

* 1955, Licenciée en Droit et Sciences Economiques de l’Université Aristote de Thessalonique avec Mention Honorable (en tête de sa classe-bourse )

* 1956, Boursière du Gouvernement Français, admise à la Sorbonne, pour faire un doctorat d’Etat ès Sciences Economiques

* 1957, Diplôme d’Etudes Supérieures en Economie Politique

*1958, Diplôme d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques

* 1959, London School of Economics, tout en écrivant sa thèse ayant comme Président le Professeur et Membre de l’Institut Emile James

*1959 (26.10.), Docteur d’Etat ès Sciences Economiques de la Sorbonne, avec Mention Très Bien et thèse retenue pour le concours- jury : Emile James, Maurice Byé, René Courtin (prolongement de la Bourse du Gouvernement Français). Sa thèse fut publiée avec le concours du CNRS dans la série SEDES

*1960, Dozent à l’Université Aristote de Thessaloniki

*1961, Boursière de l’OTAN (bourse accordée pour la première fois à la Grèce) à l’Université de Berkeley (USA), pour étudier « le problème de la pression sur le dollar» qui fut publié en anglais par Sithhoff-Leyden (OTAN)

*1968, Professeur titulaire à l’Université Macédonienne de Thessalonique (ex Ecole Industrielle des Htes Etudes)

*1968-73, Consultante à l’OCDE-Paris. Elle a publié (en français et en anglais) un livre intitulé : « Industrialisation, Emploi et Répartition des Revenus » -le cas de la Grèce (OCDE)

*1974 (immédiatement après la chute de la dictature), élue première Femme- Recteur en Grèce et réélue en 1984 et en 1986

*1978, Elle a organisé avec son mari le Professeur Dimitri Delivanis, à l’Université de Thessaloniki, et a reçu le Congrès des Economistes de Langue Française (AIELF)

*1984, Elue Jean Monnet Fellow, pour passer une année à l’Institut Universitaire Européen de Florence, y donner des cours et des séminaires et écrire un livre publié en grec et en anglais, intitulé « Europe’s life-buoy : its less developed regions »

*Elle fut honorée de 5 docteurs honoris causa, par les Universités :

-Comotini (Grèce),

-Targoviste (Roumanie),

-Kaïnar (Almaty-Kazakhstan),

-Altai de Barnaoul (Sibérie-Russie) et

-Annaba (Badji-Mokhtar) en Algérie.

* 1999-,Vice Président de l’Association des Economistes de Langue Française (AIELF)

*2000-, Directeur du CEDIMES en Grèce

*2001, Elle a, de nouveau, organisé le Congrès des Economistes de Langue Française à Athènes (AIELF)

*2006-, Vice-Président du CEDIMES

*2006, Elle a inauguré à l’Université de Kaïnar (Almaty-Kazakhstan) un département « mastère », de la part du CEDIMES et elle y a enseigné l’ Economie Politique

*2008-, Chevalier de la Légion d’ Honneur

*2011,-,Membre honorifique de l’Académie Scientifique de la Roumanie

*Elle a été invitée pour enseigner ou pour donner des cours et des conférences par les Universités de la Sorbonne (par ses anciens Professeurs Emile James, André Marchal ainsi que A. Piatier), de l’Ecole Pratique (Paris), de Rome, Bonn, Trieste, Marseille, Florence, Varsovie, Cracovie, Sofia, Bratislava, Melbourne (par l’Association Grecque), Corée du Sud, Buenos Aires, Cordova, Kaïnar, Targoviste, Port au Prince, Washington D.C., Rijeca-Croatie, Fribourg, et a participé comme rapporteur, organisatrice et président dans un grand nombre des congrès et des colloques internationaux, partout dans le monde. Elle a été chargée, pour faire la recherche, par le CNRS, l’OTAN, l’OCDE, le KEPE (Athènes), l’Institut Universitaire Européen de Florence, l’Université Macédonienne, le CEDIMES et autres.

Son œuvre publié comprend 47 manuels, livres, monographies, recherches et plus de 650 articles, interview, opinions et a été honorée par des prix, éloges et critiques, ainsi que par des traductions dans des langues étrangères :français, anglais, roumain, espagnole et à présent en russe. Son œuvre a paru par les maisons d’ édition et séries scientifiques, entre autres, de Macmillan, Cujas, Tiers Monde, OCDE, Sithoff-Leyden, Etudes du Sud-Est Européen, Atlantic Series de l’OTAN, Editura Efficient, L’Harmattan et autres. Sur une base quotidienne elle participe à la formation de l’opinion publique de son pays, à travers ses articles et interviews aux Medias. Ses CV se trouvent, entre autres, dans Who is Who,Who is Who in Women, Men and Women of Distinction, Five Thousand Personalities of the World, Dictionnaire Biographique Européen, Who is Who en Europe, Who is Who Grec, Encyclopédie Papyrus etc. Elle est membre de l’Association Française de Sciences Economiques et des Docteurs ès Sciences Economiques.

*Après la mort de son mari elle a fondé la Fondation “Dimitri et Maria Delivanis”, dont elle est Président, elle est aussi Président du Comité du Parrainage-Cedimes, Vice-Président de l’AIELF et Vice-Président du CEDIMES-Grèce, ainsi que Président du Club des Docteurs Honoris Causa de l’Université « Valahia » de Targoviste (Roumanie). Ses nombreux docteurs et ses milliers d’étudiants encadrent les secteurs publics et privés en Grèce.

*Elle a une fille et deux petits-enfants





[1] D’après le célèbre économiste Max Keiser, comme on a pu récemment le constater dans le journal télévisé de la chaîne satellite Russia Today
[2] Du moins sous la présidence de Nicolas Sarκozy
[3] L'acte fondateur de l'Union européenne est la Déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman, ministre français des Affaires Εtrangères. Sous l'impulsion de personnalités politiques surnommées « Pères de l'Europe », comme Konrad Adenauer, Jean Monnet et Alcide de Gasperi, six États créent en 1951 la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Après l'échec d'une Communauté européenne de défense en 1954, une Communauté économique européenne est instaurée en 1957 par le traité de Rome. La coopération économique est approfondie par l'Acte unique européen en 1986 (Wikipedia)
[4] Je fus parmi les premiers étudiants à participer aux rassemblements du début, en Hollande, dans les années 60 en faveur de l’Europe unie.
[5] L’actualité de l’article paru dans Eleftherotypia il y a 17 ans, daté du 9 septembre 1995 et signé MAR. POL, fait froid dans le dos : « Les peuples oublient vite, déclarait un haut responsable Nazi il y a 50 ans. C’est d’ailleurs ce qui les différencie d’une nation qui entretient le souvenir, comme la race supérieure allemande. L’Allemagne recevra beaucoup d’argent pour sa reconstruction, et même ceux qui jusqu’ici nous ont combattus viendront travailler pour nous. Nous sommes une race travailleuse et nous allons recréer l’Allemagne puissante et unie. Vous verrez que nous deviendrons le pays le plus fort économiquement. Et alors, Goebbels se réveillera et de sa tombe il s’exclamera: Nous avons gagné ! »  
[6] L’agence indépendante de notation Egan Jones vient d’abaisser la note de l’Allemagne de Α +  à ΑΑ – estimant que l’intensification de la crise de la dette dans la zone euro touchera les exportations allemandes.
[7] Le nombre d’immigrés Espagnols et Grecs en Allemagne a augmenté respectivement de 84% et 49% au cours du premier semestre 2011. Voir l’enquête d’Olivier Cyran « L’effroi du retraité allemand face à l’épouvantail grec »(2012), Le Monde Diplomatique, No 700-59e année, Juillet
[8] D’une part, le Nord qui tire parti de la balance commerciale excédentaire de l’Allemagne et qui contraint le Sud à lui acheter du matériel de guerre, et de l’autre les conséquences fortement négatives, sur les économies les plus faibles, du Pacte de Stabilité
[9] Véritable entrave à la croissance des Etats-membres mais soutien indispensable de l’euro à cause des graves problèmes liés à sa mauvaise conception
[10] Voir M. Negreponti-Delivanis (2004), Le sort de l’euro, édité par la Fondation Delivanis et Kornilia Sfakianaki, Thessalonique, p. 32
[11] ibidem
[12] http://olympia.gr, le 18-7-2012.

[13] Μ. Negreponti-Delivanis (2011) , Une analyse plus détaillée existe dans son livre (en grec) : Toute la vérité sur la dette et le déficit et comment nous en sortir,  édité par la Fondation Delivanis et les Εditions Ianos

[14] Avec l’asservissement de la Grèce, ce sont les fondations de l’Europe toute entière qui sont ébranlées
[15] Le pillage de la Grèce par la Troïka et les banques à travers les Mémorandums et les accords de prêt est parfaitement décrit par le New York Times,http://www.defencenet.gr/defence/index.php?option=com_content&task=view&id=43278& Itemid=139
[16] Greece is a crime scene (2011), Vidéo CNBS tirée de l’émission Dylan Ratigan Show, 15.11

[17] Sous-entendu que des pays de l’ex-bloc soviétique font aussi partie de cette catégorie, à un degré différent
[18] Eurostat
[19] Où, comme il ressort du dossier judiciaire de Munich, le chef de Marine – filiale de Ferrostaal en Grèce –  a déclaré: « Nous savions tous que si cela s’avérait nécessaire, il faudrait que nous avancions de l’argent aux personnes qui décident et que c’est ce que nous ferions ». Mais aussi, toujours d’après le dossier, la société allemande cherchait en Grèce, à partir des années 1996-97, les personnes les plus aptes à promouvoir une commande de sous-marins   
[20]  M. Negreponti-Delivanis (2012), « Lettre ouverte à Madame Christine Lagarde », Le Monde électronique, 18.06
[21] N. Klein (2010), La Stratégie du choc, (trad. Lori Saint-Martin, Paul Gagné), Babel
[24] According to the Bank of Greece, jullet/2012
[25]En 1936, le Gouvernement grec fit appel à la Cour Internationale de Justice car sa situation budgétaire et monétaire le mettait dans l’impossibilité de rembourser l’emprunt contracté à la Banque Commerciale de Belgique. Dans son Mémoire, Métaxas expliquait que « les intérêts du peuple grec en ce qui concerne l’administration, l’économie, l’état de santé et la sécurité intérieure et extérieure du pays ne laissait pas d’autre choix ». La Cour rendit l’appel, créant ainsi un précédent légal dont l’Argentine se servira plus tard, en 2003 pour demander la cessation de paiement
[26] P. Krugman (2012), « Europe’s great illusion », IHT, 5.6
[27] B. Fehrie (2011), « Pourquoi Mme Merkel a raison de douter », Frankfurter Rundschau, publié dans Courrier International du 6 au 12 octobre  
[28]Basés sur le dernier rapport du FMI sur la Grèce : http://blogs.mediapart.fr/blog/mehdi-zaaf/05.02.12/la-grèce-en-panne-de-democratie
[29]  J. Εwing (2012), « Berlin clings to austerity despite  pleas », IHT, 9.1
[30] Le terme est de l’ex-représentant de la Grèce au FMI, M. Roumeliotis (http://www.epikaira.gr/epikairo.php?id=41095&category_id=88

[31] Y compris The Economist, néolibéral par excellence
[32] Je dirais même surtout l’Etat-providence car il représente ce que les ultralibéraux détestent le plus
[33] Les pays baltes sont dernièrement présentés comme une réussite de cette politique. Or, le rythme de croissance satisfaisant de ces économies s’accompagne d’un taux élevé de chômage
[34] Bien que cette tendance se confirme, à un rythme accéléré
[35] « Lamentable fiction, l’austérité continue de servir et de servir les Banques », 13.07- 2012
[36] Malgré son aventure, il reste l’un des économistes les plus mondialement connus et connaît très bien les rouages du FMI. http://www.ethnos.gr/article.asp?catid =22769&subid =2&pubid =63592023

[37]  « Sans logique les scenarios de Troika” (2012), article paru dans le journal électronique du Νew York Times, 7.2 (en anglais)
[38] D’après les travaux de Carmen M. Reinhart et Kenneth S. Rogoff
[39] C’est-à-dire que dans le meilleur des cas, tous ces efforts pour « sauver » la Grèce l’auraient amenée, au bout de onze longues années de sacrifices inhumains, à un niveau pire qu’il ne l’étaient initialement. Pauvre Sisyphe !
[40]Der Spiegel (2012), 19.07


[41] M. Schuman, (2011) « Au revoir Welfare State » , Time, 28.11
[42] M. Dassù (2011), « Une Europe allemande est née », Courrier International, no 1095, 27.10
[43] J. D. Sachs (2012), « Why America must revive its middle class », Time, 10.10
[44] Qui par ailleurs est développée dans la thèse de doctorat de l’auteure de la  présente étude , L’Influence du développement économique sur la répartition  du revenu national (1959), Paris-SEDES-CNRS
[45] Μ. Negreponti-Delivanis (1993), Entreprises privées et publiques, éd. Sakkoula, Thessalonique (en grec)


[46]  ibidem
[47] P. Pavlopulos (2012), «Les limites constitutionnelles  des privatisations”  de l’ olympiada,21.07 (en grec).
[48] Vidéo ici http://www.dailymotion.com/video/xrv99o_une-guerre-invisible-contre-la-population-l-esclavage-moderne-par-une-dette-



[49] A peu près, car la Grèce est un cas spécial du point de vue de sa position géostratégique mais aussi de sa richesse minière et sous-marine, jugée importante.

[50] Selon l’enquête en ligne Nielsen sur la Confiance des Consommateurs, effectuée au deuxième trimestre de 2012.

[51] D’après un récent rapport de l’Unicef sur la pauvreté dans les pays considérés comme riches.

[52] Newsbomb.gr

 


[53]Al Jazeera, 22-07-2012

LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD* Par Maria Negreponti-Delivanis LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD*  Par Maria Negreponti-Delivanis Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη on Αυγούστου 22, 2012 Rating: 5

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